Kitsch, paillettes et vocalises, voici pourquoi j’aime regarder l’Eurovision.
Chaque mois de mai, j’ai un petit rituel. Je regarde l’Eurovision. Mais pourquoi s’affliger cette débandade de strass, de vocalises, de rythmes datés et de morceaux mélancoliques? Voici mes raisons:
1. Parce que ça me fait du bien – Pas besoin de réfléchir, on écoute et on regarde, car il y a de quoi faire entre les costumes bariolés, les danses déjantées et les voix qui hurlent. La plupart du temps, les chansons donnent envie de se déhancher et ceux qui choisissent la mélancolie (coucou, la Suisse!) nous permettent de reprendre notre souffle. Et si vous êtes attentifs, les décors peuvent aussi cacher de beaux moments de TV.
2. Parce que ça me fait rire – Qui n’a pas rit devant « Epic Sax Guy » ou cette année devant la chorégraphie de la Norvège? Je crois que c’est le secret d’une bonne soirée, de rire. Et perso, chaque année, il y a quelques fous-rires devant ma télévision.
3. Parce que ça fait revoir sa géographie – Arménie, Moldavie ou Lettonie, je peux tous les situer sur une carte. Et je trouve que c’est plutôt une bonne chose. En plus, ça peut donner des idées pour les vacances, haha!
Commencer une nouvelle année, c’est se tourner vers celle qui finit pour faire un bilan…et pourquoi pas repartir sur le bon pied?
Continuer d’écouter les chansons qui ont marqué mon année2021 – En vrac, le premier album d’Inhaler / la découverte Ben Abraham / le dernier album de Jacob Banks / la géniale Celeste / le groovy Silk Sonic qui fait beaucoup de bien / London Grammar que j’ai appris à apprécier avec leur second album / Yebba (j’adore!!) / le retour d’Ed Sheeran / plonger dans l’univers de Carolina Polachek / la folk de The Aubreys.
Regarder l’épisode spécial pour les 20 ans du premier film Harry Potter – C’est pas comme si je pensais en avoir besoin, mais en fait, si. C’est réconfortant, touchant, amusant, magique, plein d’émotions, ça nous replonge dans de merveilleux souvenirs de lecture, dans l’univers que les films ont recréés, c’est comme un bonbon en cette période chahutée. J’ai adoré les anecdotes de tournage, surtout celles de Ralph Fiennes (Voldemort), d’Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange) et de Robbie Coltrane (Hagrid). Je trouvais juste qu’il manquait certains acteurs, comme Maggie Smith (Minerva McGonagall) ou Robert Pattinson (Cedric Diggory), Emma Thompson (Pr Trelawney) ou David Tennant (Barty Croupton Jr). Surtout ça permet aussi de ne pas trop penser au temps qui passe et de se rendre compte ENCORE que Ron est vraiment le meilleur personnage de la saga!
Se chouchouter – CAR ON EN A BIEN BESOIN! ça peut être un bain, un massage, un gommage, un nouveau parfum… Par exemple, j’ai apporté une toute petite modification à ma routine maquillage, mais elle fait grand bien en ces temps froids: j’utilise un blush irisé et ça donne instantanément encore meilleure mine que les fards mats!
Cuisiner des bons petits plats réconfortants – Pas besoin que ce soit compliqué…juste que ce soit bon! Et un thé, ça peut aussi bien aider dans la journée!
Bouquiner – Se caler au chaud sous un plaid avec un bon livre, c’est le BONHEUR! surtout s’il pleut…
Pour chaque groupe qui a marqué son époque, voici les nouveautés qui s’en inspirent.
Envie de:
The Kooks?
The Vices, « Before your birth » – Le quatuor, créé en 2019, se décrit lui-même comme un descendant des Strokes et Cage the Elephant. Pourtant la voix du chanteur fait clairement penser à un autre groupe britannique, The Kooks, surtout sur ce titre. Leur premier album est sorti au printemps 2021.
U2?
Inhaler, « It won’t always be like that » – Si vous avez déjà entendu cette voix, normal, le chanteur est le fils de Bono…n’empêche que son groupe propose des rythmes entêtants, des ambiances psychédéliques et des sons très rock. Des jeunes irlandais à suivre, ils devaient ouvrir le Montreux Jazz Festival cet été…album sorti le 9 juillet!
Arctic Monkeys?
The Snuts, « All your friends » – Les écossais de Glasgow sont souvent comparés à leurs aînés de Sheffield les Arctic Monkeys ou ceux de Manchester Oasis pour leur énergie et leur rock alternatif aux riffs et choeurs qui structurent leurs chansons. Leur premier album s’est rapidement classé #1 des charts anglais, battant ainsi un record qui datait de 2007!
M.I.A.?
Priya Ragu, « Good love 2.0 » – La st-galloise, née de parents sri-lankais, déploie une pop qui mélange son héritage tamoule et r’n’b pour un résultat dansant, pointu et coloré. Elle vient de signer un contrat à la Warner et affole le nombre d’écoutes mondiales. Elle sera définitivement la chanteuse dont on va parler!
Avril Lavigne?
Olivia Rodrigo, « Good 4 you » – La sensation pop du moment, Olivia Rodrigo qui est passée par Disney avant de devenir une égérie TikTok, propose une chanson directement tirée des années 2000, qui déménage sur fond de riffs de guitare et de ruptures adolescentes. Mon adolescence remise au goût du jour.
Placebo?
The White Pale, « Medicine » – Ce trio de Newcastle se situe dans la plus pure tradition du rock britannique. C’est efficace sans être innovant. Ce morceau, par contre, fait penser à un autre trio, Placebo. La mélodie, la voix et les « ooooh-oooh » font que l’on se replonge quinze ans en arrière. Sympa.
Sam Smith?
Callum Scott, « Biblical » – Une voix cristalline, une ballade au piano et des frissons pour accompagner une fin de journée, c’est ce que propose ce chanteur anglais, découvert dans l’émission Britain’s Got Talent en 2015. Il prépare d’ailleurs un second album.
Et ces artistes qui reviennent:
Anberlin – Rien n’a changé pour les rockers nostalgiques!
Muse – Le trio sort une édition anniversaire pour le vingtième de l’album Origin of Symmetry, que de bons souvenirs!
Moby – Tous ces tubes repris par de jeunes artistes, de quoi redécouvrir ces morceaux. Ou comment faire du neuf avec du vieux…
Noel Gallagher – Une compil’ pour les dix ans de son projet solo…de quoi se rappeler quelques jolies ballades.
The Killers – Le trio de Las Vegas collabore avec Bruce Springsteen sur Dustland. Pas nouveau, mais ça fait du bien!
Spice Girls – Pour les 25 ans de leur premier single, le girl band sort un titre inédit, Feed your love, pour les nostalgiques des 90’s.
Parce que les concerts en extérieur, c’est un peu les vacances!En avant la musique!
Avec la première annonce des annulations de FestiNeuch’ (15.02) et Caribana (25.03), puis celle de Paléo (30.03) et du Venoges (8.04), Rock Oz’ et Frahaufeld (22.04), on se demande à quoi ressemblera notre été. Voici la liste des artistes qu’il me tarde de voir en live!
Elias Boussnina– Mi-danois, mi-tunisien, il nous emporte dans un r’n’b teinté de soul, très rythmique, et de dance porté par une voix puissante. Il a sorti plusieurs titres entre 2019 et 2020 et certains peuvent devenir de vrais tubes, notamment Boys don’t cry, Candy ou Roses (le dernier en date, sorti en décembre dernier). Il maîtrise parfaitement les beats hypnotisants et les échos entre voix de lead claire et choeurs envoutants. Il est également à l’aise dans des versions acoustiques de ces titres (Faith). Il pourrait faire penser à Dermot Kennedy dans le style ou Justin Timberlake dans la voix. Artiste à suivre! Enorme coup de coeur!
Jake Isaac – De la soul comme on aime. Dans la même veine que Tom Gregory ou Gregory Porter. C’est une voix chaude, chaleureuse et enveloppante soulignée par des percussions et des arrangements discrets, parfait. C’est simple et bien fait, beau et motivant comme il faut. Le single Remember fera, à coup sûr, partie de nos souvenirs d’été! Et son second album « Honesty », sorti en mars, regorge de pépites soul réconfortantes (Eyes for you, Promised you, …) et de belles collaborations (Talk About It, Wake up, …).
Celeste – Elle est comparée à Adele, Nina Simone ou Amy Winehouse, mais la britannique cultive encore son propre style. Voix fêlée et douce, soul (elle a participé à la BO du film de Disney du même nom), arrangements de cordes et de cuivres (Love is back) ou accompagnement au piano (Strange), la chanteuse mélange les influences jazz et r’n’b, entre autres styles, mais toujours avec une pointe rétro (Both sides of the moon). Fragile ou puissante, elle est à l’aise dans tous les registres et transporte dans son univers. Son premier album est sorti fin janvier et il est digne d’une immense star. Magnifique!
Django Django – Le groupe britannique revient avec un quatrième album. C’est avec plaisir que l’on replonge dans leur univers pop ensoleillé fait de synthés planants et de rythmes seventies délicieusement rétro. Dans la chaleur d’une fin de journée, c’est la bande-son idéale pour se trémousser, une couronne de fleurs dans les cheveux et une bière dans la main (les Beach Boys ne sont pas loin…). Mention spéciale au chant, plus travaillé dans ses mélodies, que dans les précédents opus.
Gauthier Capuçon – Et pourquoi pas un peu de musique classique? Avec « Emotions », album sorti en décembre, le violoncelliste français revisite des morceaux de toutes les époques et de tous les genres (dont l’Hymne à l’amour et Hallelujah, pour ceux qui voudraient commencer en douceur). Le point commun de tous ces titres? Donner des frissons, justement. Et que ce soit de toute beauté, aussi. A écouter toute l’année 😉
Royal Blood – Le duo anglais revient avec quatre nouvelles chansons qui déménagent. Elles annoncent un troisième album (produit par Joshua Homme de Queens of the Stone Age!!) et on se régale déjà avec Typhoons et ses riffs rageurs qui donnent néanmoins envie de danser et de sauter. Trouble’s coming, avec sa batterie à la Franz Ferdinand, est également une chanson efficace.
Et les retours tant attendus (mini-critiques):
Jacob Banks, Parade : chanson engagée et engageante, nécessaire et profondément soul.
Rag’n’Bone Man, All you ever wanted : Kasabian? Non, c’est bien le colosse à la voix d’or, version brit-pop!
Lana del Rey, Chemtrails over the country club : Mystique et vaporeuse ambiance pour chanson lancinante.
Feu Chatterton!, Monde nouveau : Léger et sérieux, dansant et grave, avec une pointe d’Alain Baschung.
Birdy, Loneliness : Balade lumineuse et mélancolique, parfait bande-son pour la fin de journée!
Richard Ashcroft, Bring on the Lucie : Retour du chanteur à l’accent impossible avec ce titre très motivant.
Parce qu’il n’y a pas tout à oublier dans cette année particulière. Montons le son!
Identical, Phoenix – Depuis « Ti Amo » (2017), le groupe de Versailles n’avait pas sorti de nouveau morceau. Celui-ci est dans la même veine que leur album italo-disco et ça fait du bien. Synthés revigorants, percussions entêtantes, 80’s vibe, tout est bon, sauf que la chanson est définitivement trop courte… Elle serait parfait dans la BO de « Call me by your name », mais apparaît dans le nouveau film de Sofia Coppola, « One the rocks » (avec Bill Murray), disponible sur Apple+.
The Plan, Travis Scott – Bande-annonce du film événement « Tenet », ce morceau condense absolument toute l’ambiance du film en 3 minutes. On ressent la tension, l’atmosphère pesante, mystérieuse, mais excitante et l’euphorie comme les protagonistes. Ici, l’autotune est justement dosé. Le refrain est hypnotisant et on retrouve quelques thèmes qui émaillent le film. Parfait.
Midnight Sky, Miley Cyrus – Voix éraillées, coupe mulet et make-up période Hedi Slimane chez YSL, Miley Cyrus délaisse la pop-country pour ce titre résolument glam-rock-disco. Utilisant des samples de Edge of Seventeen de Stevie Nicks (1981), le morceau fait la part belle à la voix rauque de la chanteuse, mise en valeur par des chœurs qui lui répondent, et s’il est joué en boucle, on ne perçoit pas de rupture.
…et ruez-vous sur Prisoner en duo avec Dua Lipa (voir plus bas, qui a elle aussi samplé Physical d’Olivia Newton-John) pour un morceau dansant, 90’s et punchy aux voix cassées sublimes!
Fever, Dua Lipa & Angèle – Avec une année 2020 chargée pour la première et un début de carrière fulgurant pour la seconde, les deux jeunes chanteuses collaborent pour un titre court (2’36’’), dansant et au croisement de leurs styles. Dua Lipa délaisse ses sonorités disco et 90’s pour les rythmes de synthés chaloupés propres à la belge. Le résultat ? un morceau anglais-français qui donne envie de sautiller, même si la part d’Angèle aurait mérité d’être plus longue.
This love starved heart of mine (It’s killing me), The Jaded Hearts Club – Le « supergroupe », créé en 2017, qui réunit des membres de Muse (Matt Bellamy), Blur (Graham Coxon), The Last Shadow Puppets (Miles Kane) et the Zutons (Sean Payne), a sorti une reprise de la chanson de Marvin Gaye (1967), en version rock et chantée par Nic Cester de Jet, autre membre du combo. Cette chanson, qui ravira les fans de musique brute, est la première et elle annonce la sortie d’un album. Hop, ressortons les perfectos !
Cardigan, Taylor Swift – Avec «Folklore», album-surprise sorti au milieu de l’été (6 mois avant le deuxième album-surprise du 11 décembre), la chanteuse pop-country offre un nouvel univers folk et mystérieux qui nous plonge directement dans une série américaine des 90’s. et il faut reconnaître que cette ambiance feutrée et douce fait particulièrement du bien en cette année. Le single Cardigan est d’ailleurs parfait pour accompagner une séance de lecture avec un thé. Mention spéciale aussi pour Exile et Evermore, en duo avec Bon Iver.
Ces deux albums sont parfaits avec un plaid et une tasse de thé…attention, à ne pas avoir peur d’avoir l’impression de se retrouver dans un épisode de Gilmore Girls 😉
The Valley of the Pagans, Gorillaz + Beck – Avec un album-concept construit comme une série, Gorillaz nous réjouit avec ce titre pop, à la rythmique dansante et un fond qui reste rock. On retrouve la touche du groupe, mais celui-ci a évolué. Ce morceau (épisode 8), plutôt enjoué, est parfait pour accompagner une session de danse dans le salon ou n’importe quel exercice. On retrouve la patte de Beck, qui s’insère parfaitement dans l’univers du combo de Damon Albarn. Sinon, autre coup de cœur pour la chanson en collaboration avec Elton John : The Pink Phantom(épisode 7).
Take on me, The Baseballs – Alors que le monde semble changer pour de bon, quoi de mieux que de se replonger quelques décennies plus tôt ? Avec the Baseballs, c’est simple. Il suffit de monter le son pour se retrouver dans les années 50. Cette chanson ne fait pas exception et donne envie de se lancer dans un twist!
Comme des gangsters, Aliose – Le duo nyonnais a sorti un EP contenant plusieurs chansons sympas. vous aimiez Puggy? Vous retrouverez la patte du groupe belge, puisqu’ils ont participé à l’élaboration des morceaux (notamment dans les choeurs). Pour ce titre, on retrouve un sample de la chanson Bonnie & Clyde (dans le thème) et on retrouve avec plaisir cet assemblage de voix féminine et masculine, qui font la caractéristiques du duo.
Rather be you, Tom Gregory – Une mélodie catchy, une voix soul et profonde, que demander de plus? Tom Gregory fait penser à George Ezra, dans le sens où il est un jeune homme blanc mais qui possède une voix impressionnante pour son gabarit. Originaire de Blackpool, il propose aussi bien des ballades que des morceaux plus pop, voire rock. Comparé à Gavin James ou Lewis Capaldi, il est assurément un chanteur à suivre!
Man’s World(Stripped), Marina – La diva greco-galloise revient avec une nouvelle chanson aux accents féministes. Sa voix cristalline nous enveloppe immédiatement entre les graves et les aigus, comme elle sait si bien le faire. Accompagnée d’une mélodie au piano, la soprano fait montre de tout son talent et émeut avec ce titre qui fait assurément écho à l’actualité. Enorme coup de coeur pour la version acoustique, mais la version originale est également très sympa!
Comme pour les films, les ingrédients d’une bonne série sont le scénario, le jeu des acteurs, la photographie, mais également la musique. Petite sélection des meilleures BO de séries actuelles.
Umbrella Academy, saison 2 – Puisque l’intrigue se situe dans les années 1960 (est-ce un spoil?), la bande-son mêle habilement morceaux de cette décennie avec des chansons plus contemporaines. Comme pour la première saison, la musique est choisie pour créer des contrastes dans les scènes qu’elle accompagne, ce qui explique l’électivité de cette playlist (pop, funk, country, rap, soul et plusieurs covers intéressantes dont celle de Bad Guy (de Billy Eilish) par The Interrupters). Mention spéciale aux Backstreet Boys dont les paroles de la chanson Everybody sont utilisées par le personnage de Klaus comme profession spirituelle!
Normal People, saison 1 – Un subtil mélange de morceaux indie et folklorique irlandais pour accompagner l’histoire d’amour entre Connell et Marianne. Dans la série de la BBC, la musique n’est prépondérante, mais participe à l’atmosphère. Dans cette playlist, les mélodies planantes et mystérieuses côtoient la pop des années 2000’s jusqu’à maintenant. Parfait pour débuter l’automne!
Bonus: les playlists de chaque protagoniste sont aussi disponibles.
Derry Girls, saisons 1-2 – La playlist (anglophone) de mon adolescence! Dans chaque épisode, je me surprenais à fredonner (presque) toutes les chansons qui passaient. C’est un condensé de tubes 90’s et 00’s, de pop britannique (un épisode relate même le périple de la bande pour se rendre à un concert de Take That!) mais aussi d’artistes irlandais et internationaux. Parfaite pour se préparer pour une soirée ou pour se défouler les jours de pluie.
The Boys, saisons 1-2 – Alors que la deuxième saison de la série Amazon est sorti, il est temps de réécouter la bande-son de cette série. Du rock qui tache et qui fait du bruit, c’est en substance ce que l’on retrouve pour accompagner l’univers sombre – et sarcastique – de la série. Toutes les époques sont présentes, il y a des classiques et des chansons plus éclectiques et pop aussi (dont Wannabe des Spice Girls!!! de la pop asiatique ou du rap français).
Comment occuper cet été? Quelques pistes pour ne pas s’ennuyer: Musique – Cet été sera différent des autres si les déplacements sont réduits, mais cela ne signifie pas qu’il faut négliger la bande-son de cette période. Voici une sélection de nouveautés étranges, des ambiances moites, qui brouillent les genres, mais donnent toujours envie de danser.…
Woodkid est de retour – surprise – avec S16, son (seulement) deuxième album. Le grenoblois avait manqué et ces nouvelles compositions, belles et intenses, complètent parfaitement sa discographie. Et apportent une belle couleur de nostalgie grandiloquente à cet automne.
Si je vous dis Tinguely, barbe, narrations superposées, percussions, expérimentations minimalistes, violons, émotions haletante, à quoi cela fait-il penser? C’est simplement le résumé du nouvel album de Woodkid, sept ans avant le premier, qui peut faire cohabiter un chœur d’enfants de Tokyo (Reactor), un orgue en crystal (le Cristal Bachet, conçus par les frères Bernard et François Baschet dans les années 60) et créer des images à partir de sons. Woodkid l’a fait, et avec brio. Celui qui est aussi réalisateur s’est inspiré du secteur industriel pour créer ces 11 nouvelles chansons.
Ambiance à la James Bond (In your likeness), voix hypnotisante tout en nuances qui jongle entre les octaves (Ennemy), rythmes hypnotiques (Highway 27, Drawn to you), piano et cordes, longs morceaux linéaires, le nouvel album de Woodkid regorge de beauté et de modernité. Les premiers singles, Goliath et Pale Yellow, avaient déjà mis en place une atmosphère enveloppante, aux rythmes répétitifs et métalliques – il a enregistré le bruit des machines du suisse Jean Tinguley lors d’une rétrospective à Amsterdam – ou accords émouvants, comme on les appréciait déjà. On avait été subjugué par l’univers de Woodkid dans son premier album. Même ses concerts plongeaient le public dans un autre monde, une vraie histoire.
Le reste de l’album reste dans cette veine qui mélange les ambiances et les sentiments. A la pop grandiose de ‘Golden Age’ (2013), ici l’intime et le ténébreux composent des morceaux bouleversants et exigeants, à l’image des compositions de Steve Roach ou Philip Glass dont il est un admirateur. Pourtant Yoann Lemoine n’avait pas arrêté le travail depuis, il a notamment sonorisé les défilés des collections de Nicolas Ghesquière pour Louis Vuitton.
Certains morceaux ont été composés après les attentats de Paris, d’autres dans des périodes de doute. Et cela se ressent. La dimension symphonique des morceaux apporte une grande émotion, parfois lourde et oppressante, parfois triste et mélancolique, voire douloureux. Ces sensations se mélangeant souvent dans un même morceau, laissant une impression haletante à la première écoute. S’il reprend les codes qui ont fait le succès du français, cet album regorge de profondeur avec des arrangements qui donnent toujours autant de frissons à celui qui écoute. Enorme coup de cœur !
Ecouter en priorité In your likeness, Horizons into battlegrounds et Ennemy. Ou la reprise de Francis Cabrel sur France Inter – profondeur et douceur exquise, avec un petit accent charmant
Afin de faire vivre sa musique au-delà de l’album, Woodkid a également créé différentes plateformes digitales et des extensions sur les réseaux sociaux dont un faux site d’extraction de minéraux, Adaptative Minerals. Ce jeu en réalité alternée permet de se plonger dans les secteurs de l’industrie dans lesquelles il a puisé son inspiration, sans passer par les canaux de communication usuels.
2010, cet été-là, on avait entendu partout la chanson entêtante Wonderful Life et lors de la toute première écoute de cet album, la première plage (Silver Lining) m’avait étonnée par sa ressemblance sonore avec les Depech Mode. Ma première impression a été largement remise en question par le reste des morceaux, sombres et mélodiques, électro et vocaux, enveloppants et détonants, mélancoliques et dansants. J’avais aimé l’opposition entre le nom de l’album et l’austérité de la pochette. Un gros coup de cœur pour ce duo de Manchester qui allie la sophistication british (les costumes, les cheveux gominés) et la pop intelligente, sans devenir trop complexe. Les titres sortis sur l’édition Deluxe valent aussi le coup: chanson de Noël All I Want for Christmas Is New Year’s Day, mais aussi Affair ou Mother Nature.
Depuis le duo a sorti plusieurs albums. Si chacun a un univers visuel propre (Exile, album en noir et en couleurs, Surrender, en rose, puis Desire en rouge, sans compter sur l’évolution des looks du duos), ils sont toujours dans la même veine que le premier, mais sans jamais l’égaler. Parmi mes coups de cœur, notons Stay, Miracle, Guilt, Lights, Wish ou Ready to go. Ce qui fait la richesse de ce groupe est d’écouter chaque album dans sa totalité pour en comprendre chaque unité.
Au printemps dernier sortait Voices, chanson qui étonnait avec son intro de guitare entraînante, mais qui mêlait toujours paroles sombres, chœurs grandiloquents et arrangements musicaux subtils. Un grand coup de cœur qui annonçait un album pour septembre, soit 10 ans après Happiness. Le deuxième single, Suffer, semblait un cran en dessous, reprenant tous les codes de ce qui a fait leur marque de fabrique, avec une impression de déjà-entendu. En juillet, Redemption, ballade piano-voix agrémentée d’arrangements de cordes, nous embarquait dans un monde de douceur. Le morceau se termine par une épopée sonore digne d’un film, la lande écossaise pourrait sans mal se déployer sous nos yeux. Sublime. À la mi-été, c’est Somebody qui a été publié: couplets saccadés et nerveux, puis envolées lyriques façon hip-hop, bridge murmuré et solo de guitare. On retrouve cet univers électro épuré pour un morceau peu cohérent et quelque peu décevant, qui tombe presque dans la facilité. Ce qui est certain, c’est que l’album ouvre de nombreuses portes et élargit les horizons du groupe. Le bilan de ce cinquième album, Faith, est très positif. Les deux mancuniens surfent sur ce qui a fait sa renommée, mais avec brio : chair de poule sur l’émouvant et intime piano-voix-cordes sur All I have to give, les ambiances sombres et minimalistes accompagnées de percussions sur le très beau Liar, moins de grandiloquence aussi, cet album est plus intimiste et réconfortant. Le chant de Théo Hutchcraft a également pris une nouvelle dimension, plus posée et chantante (notamment Darkest hour, White horsesou Slave to your love). Plus sombre et moins électronique, cet album est encore un gros coup de cœur pour Hurts que j’admire depuis leurs débuts. Un de leur meilleur opus.
Julien Doré – Aimée
Quatre ans après le génialissime &, l’ex-chanteur à la barrette sort un cinquième album Aimée doux et grave. Il y parle d’écologie, de migrations, de dérèglement du monde, de l’enfance, le tout avec des mélodies solaires et rétro (beaucoup de synthés, par exemple), envoutantes ou dansantes. Le contraste entre le rose de la pochette et la gravité des paroles fait mouche, ces dernières sont poétiques ou drôles: «tout le monde a quelque chose à dire sur mes cheveux ou le climat», « On s’était promis Venise, mais c’était trop mouillé » ou «Viens, on s’accoude aux étoiles». On adore les chiens – Simone et Jean-Marc – qui «chantent» sur Waf et les chœurs d’enfants sur plusieurs morceaux qui rajoutent en légèreté tout en nous mettant face à la gravité de notre avenir – et du leur. Un album pop et intelligent qui divertit, ça fait un bien fou pour prolonger l’été encore un peu !
A écouter également :
Biffy Clyro, A celebration of endings (2020) – Album au nom prémonitoire au vue des changements amorcés par la crise sanitaire? Le trio écossais a pourtant enregistré bien avant toutes ces péripéties, mais leur univers comprend toujours des paroles plutôt sombres, comme il nous avait habitués avec leurs sept précédents albums. En tout cas, cette invitation à la fête est réussie grâce à des chansons rock (Weird Leisure, très 90’s et taillé pour le live ou End of), mais aussi entrainantes (Instant History , sa batterie et ses sonorités électro) ou émouvantes (Spaceavec ces cordes). Je me réjouis de les découvrir à l’affiche de festivals pour aller sautiller et balancer ma tête au rythme des riffs !
Summer Wine, Alex Kapranos & Clara Luciani (2020) – Reprise franco-écossaise de Summer Wine, qui ramène quelques décennies plus tôt. Si la chanteuse française fait ce qu’elle sait faire – avec classe et douceur -, la traduction n’est pas toujours heureuse (mon vin d’été a toutes ses saveurs en même temps […] je te donnerai du vin d’été…bof), le frontman de Franz Ferdinand – qui maîtrise le français et le chante dans le bridge du morceau (et vin devient vent avec son accent) ! – apporte sa patte; vintage, pop et légère, accompagnée de sa voix rocailleuse à la Nick Cave. Le clip est un petit bijou d’atmosphère rétro (coucou Wes Anderson !), ensoleillée et de kitsch.
Identical, Phoenix (2020) – Première chanson du groupe de Versailles depuis le lumineux (et kitsch) Ti Amo, extrait de la bande-son du prochain film de Sofia Coppola. On reconnait facilement les rythmiques chères au quatuor ainsi que la voix incroyable de Thomas Mars. Toujours dansant, mais plus sombre, ce morceau mêle synthés entêtants, superpositions de sonorités électroniques et dialogues de voix à des octaves différentes qui structurent la chanson. Grande surprise qui ne déçoit pas ! En attendant un futur nouvel album ?